INDEX
Visions Atonales
J’ai des directions sur la peau. Mes plantes de pieds fendues, mon coeur marqué d’une incision qui me plaît. J’ai bien entrevu des étages, les clins d’oeil sombres de beauté, des peaux en dégradé des corps à cordes avec leurs corps de blues, leurs visages noircis de génie, là où on bascule insensiblement au delà d’une cage d’ascenseur sans parois, pour s’infiltrer avec l’oubli fantastique, au gala de l’outre-monde, le salon à la terre tiède dont chaque parcelle s’abyme dans une beauté terrible, au ras du sol, posée comme un vase vide une tête hypnotise son propre chant, inaudible, sous le volume sonore de la fête polymorphe où rien n’explose, rien n’interrompt la vibration hallucinante des images partielles, les épaules à genoux, mon amie discrètement traversée par l’amazone, mes autres inconnus couleur crue, mes yeux qui se prosternent par l’intérieur voient tomber les cascades chromatiques clarifiées par la chaleur, un vent cuivré atonal imbibe tous les contours qui frissonnent, plus fuyants que mes yeux entrouverts sur l’osmose à bas volume. Nous sommes tous clandestins.
Le front au sol, je pleure à folie mes dents sur la chair des cerises sanguines dans mes mains creuses, dévore ma bouche et n’avale pas. Elles me rappellent le sang des agneaux saignants qui passent, comme la file d’enfants perdus à la fête — Non, on ne savait pas qu’on serait tués.
Pourtant je mange le steak marbré.
On me dit ça ne s’observe pas.
Le feu a coulé dans ma tête, je suis au bord de la plage et ils se taisent. Quand les mots se taisent, ils changent. Quelque chose a bougé. Ils m’ont soufflé sur la bouche. Les lèvres savent tout et font deviner. Les mots s’entendent avec un sens inconnu vraiment. C’est comme nous parfois. La lumière crève leurs cellules, ils ne s’entendent pas, mais la lumière incline leurs ombres dans le même sens.
Défiler devant l’émotion qui n’a pas de mélodie. Je suis sourde. Sauf au timbre du souffle qu’ils font en dansant. Ils me bougent. Je suis loin - de me représenter. Je veux rire. Rire n’a pas de rythme, comme le vent. Ici, la muse fait le tour des poumons.